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Ce quatrième rapport de l’Enquête OGM 2015 étudie les impacts et les risques liés aux cultures génétiquement modifiées (cultures GM, aussi appelées cultures transgéniques) pour les agriculteurs au cours des vingt dernières années, plus particulièrement au Canada.

L’utilisation de caratéristiques GM brevetés est un facteur ayant contribué à la concentration d’entreprise dans le marché des semences. Les marchés des semences GM sont dominés par une poignée de semencières et de grandes sociétés agrochimiques. La mainmise des grandes sociétés sur le marché des semences s’est traduite par une hausse des prix, une réduction du choix pour les agriculteurs, une baisse de la diversité génétique des cultures et une stagnation de l’innovation. Le contrôle juridique des semences a lui aussi augmenté, sous forme de brevets sur les séquences génétiques et autres mécanismes qui empêchent les agriculteurs de conserver, d’échanger et d’utiliser à nouveau les semences. Les cultures GM ont réduit la gamme de semences offertes aux agriculteurs et accentué la mainmise sur notre système agricole.

Les rendements ont augmenté à des taux similaires pour les cultures GM et non GM au Canada, et rien n’indique clairement que les rendements des cultures GM ont augmenté davantage que ceux des cultures non GM. De fait, des études comparatives des cultures GM en Amérique du Nord et de variétés non GM des mêmes cultures produites en Europe ont démontré que les rendements des cultures non GM ont augmenté autant, et parfois plus. On ajoute des caratéristiques GM à des variétés produisant déjà des rendements élevés en raison de leur bagage génétique développé par des méthodes de sélection classiques (non GM). Les hausses de rendement des dernières décennies sont attribuables à ces caractéristiques déjà présentes, couplées à d’autres facteurs, et non pas aux caratéristiques GM.

Les cultures GM ne mettent pas plus d’argent dans la poche des agriculteurs canadiens. Malgré l’augmentation du revenu agricole brut au Canada au cours des vingt dernières années, le revenu net en espèce (ce qui reste après avoir payé les frais agricoles) n’a pas changé de manière significative. Les frais agricoles ont connu une hausse importante, en partie à cause de l’augmentation du prix des semences et d’autres intrants agricoles. Les cultures GM ont contribué à cette tendance; les semences GM coûtent nettement plus cher que les semences non GM, au Canada et ailleurs dans le monde.

Pour les agriculteurs, le principal avantage des cultures GM tolérantes aux herbicides était qu’elles simplifiaient la gestion des mauvaises herbes. Toutefois, l’utilisation accrue d’herbicides a entraîné l’apparition et la propagation de mauvaises herbes résistantes aux herbicides, ce qui est en train d’inverser cet avantage, de créer de nouveaux coûts et de nouvelles complications pour les agriculteurs. Pour contrer le problème, l’industrie des biotechnologies propose de nouvelles cultures GM tolérantes à d’autres herbicides, une approche qui va augmenter encore plus l’utilisation d’herbicides et accélérer la propagation de mauvaises herbes résistantes aux herbicides.

La contamination par les OGM peut aussi coûter très cher aux agriculteurs. Il n’y a qu’à citer pour exemple la contamination par le lin GM, qui a entraîné la fermeture du marché canadien des exportations, et la contamination par le canola GM, qui a forcé la plupart des agriculteurs biologiques du Canada à renoncer à la culture du canola. Malgré ces expériences, on continue d’approver de nouvelles cultures GM, comme la luzerne GM. Si on la cultive au Canada, la contamination par la luzerne GM aura des impacts graves et irréversibles, et les plus touchés seront les agriculteurs biologiques et d’autres agriculteurs qui ne cultivent pas d’OGM.

Le gouvernement canadien n’évalue pas les impacts des cultures GM sur le plan agronomique et économique, ni leurs avantages ou leurs risques éventuels pour les agriculteurs, pas plus qu’il ne consulte les agriculteurs avant d’autoriser la culture d’OGM. La somme des expériences des vingt dernières années nous démontre le besoin urgent d’adopter un processus décisionnel démocratique pour évaluer le rôle – s’il doit y en avoir un – des cultures GM dans nos systèmes alimentaires et agricoles.

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