Dans ce deuxième rapport de l’Enquête OGM 2015, nous étudions les impacts environnementaux des cultures génétiquement >modifiées (GM) au Canada et ailleurs dans le monde.
Après 20 ans, la plupart des cultures GM au Canada sont dotées d’une tolérance aux herbicides et les autres, d’une résistance aux insectes (les deux dans certains cas). Il y a peu de données au Canada pour nous aider à étudier le lien entre les cultures GM et l’utilisation de pesticides, mais on peut constater que l’utilisation de pesticides a augmenté de façon générale dans les 20 dernières années. La forte expansion des cultures GM tolérant le glyphosate, notamment, a fait grimper l’utilisation d’herbicides à base de glyphosate.
Cette utilisation accrue du glyphosate a entraîné l’apparition de mauvaises herbes résistantes au glyphosate et leur prolifération. En réaction, l’industrie des biotechnologies a génétiquement modifié des cultures pour les doter d’une tolérance à des herbicides plus anciens, le 2,4-D et le dicamba. Ces cultures GM vont accroître la charge d’herbicides dans l’environnement et entraîner l’apparition d’encore plus de mauvaises herbes résistantes aux herbicides.
Les cultures GM résistantes aux insectes (Bt) ont réduit l’utilisation d’insecticides dans certains pays. Le gouvernement canadien ne fait pas le suivi de l’impact des cultures Bt sur l’utilisation d’insecticides au Canada. Certains insectes ont toutefois commencé à développer une résistance aux cultures Bt aux É.-U. et dans d’autres pays, et les agriculteurs recourent à l’application d’autres insecticides pour les contrôler. De plus, les plantes Bt produisent elles-mêmes des toxines insecticides qui se répandent dans l’environnement.
Les cultures GM ont aussi exercé plusieurs impacts sur la biodiversité. Les cultures tolérant les herbicides réduisent la diversité des mauvaises herbes dans les champs et à proximité, ce qui réduit l’habitat et les sources de nourriture pour d’autres espèces importantes – entre autres, le monarque. Des études ont aussi noté que les cultures Bt ont des impacts négatifs sur des insectes non ciblés, dont certains pollinisateurs, ainsi que sur les organismes présents dans l’eau et le sol. De plus, le flux de gènes des cultures GM menace les cultures non GM ainsi que leurs parentes sauvages et adventices, notamment dans les centres mondiaux d’origine et de diversité. Cette contamination par les OGM menace l’avenir de l’agriculture biologique et de l’agriculture écologique au Canada.
Les risques futurs liés aux cultures et animaux GM modifieront peut-être beaucoup notre réalité, avec l’introduction de nouveaux organismes dotés de nouveaux caractéristiques GM. Ainsi, le Canada vient d’approuver une pomme GM sans brunissement; une luzerne GM tolérante aux herbicides et à faible teneur en lignine pourrait être vendue pour la première fois en 2016. Le ministre de l’Environnement a approuvé la production d’un saumon GM à croissance rapide au Canada, même s’il n’est pas encore approuvé pour la consommation humaine et qu’il n’est donc pas encore sur le marché. Le Canada continue aussi d’autoriser les essais en champ d’arbres forestiers GM. Ces cultures et animaux GM posent tous des risques nouveaux et uniques qu’il est difficile de prédire. Une fois disséminés dans l’environnement, les organismes génétiquement modifiés seront impossibles à contrôler ou à retirer.
Dans l’ensemble, les cultures, les arbres et les animaux GM sont enracinés dans — et perpétuent — un modèle agricole qui exerce bon nombre d’impacts sérieux sur le plan environnemental et qui n’est pas viable à long terme.