Ce troisième rapport du RCAB aborde des questions que se posent toujours les consommateurs Canadiens, vingt ans après l’approbation par le gouvernement des premiers organismes génétiquement modifiés (OGM) destinés à la consommation humaine.
Au Canada (et aux É.-U.), on a permis que des aliments GM se retrouvent sur les tablettes d’épicerie sans étiquetage, sans débat public sérieux, sans tests du gouvernement et sans études à long terme sur l’alimentation animale Malgré les promesses faites aux consommateurs à leur lancement, vingt ans plus tard, les aliments GM sur le marché ne sont pas moins chers, plus savoureux, plus frais, plus nutritifs ou plus écologiques. De fait, l’utilisation des cultures GM a augmenté plutôt que réduit l’utilisation d’herbicides de synthèse, avec des conséquences que l’on n’évalue pas sur l’environnement et sur la santé.
Il n’y a pas d’étiquetage obligatoire des aliments GM au Canada (ni aux É.-U.), même si les sondages démontrent depuis vingt ans qu’une écrasante majorité de Canadiens veulent que les aliments GM soient étiquetés comme tels. Commandé par le RCAB en 2015, le dernier sondage confirme que 88 % des Canadiens sont en faveur de l’étiquetage obligatoire. Au Canada, la pression publique se révéla particulièrement intense avant le rejet du projet
de loi C-287 sur l’étiquetage obligatoire en 2001. Ce rapport étudie les efforts de l’industrie en vue d’assurer la défaite de ce projet de loi, et les investissements du gouvernement fédéral en vue de rassurer les Canadiens que les aliments GM sont sans danger.
Même après vingt ans, la documentation scientifique sur l’innocuité des aliments GM reste contradictoire et incertaine, laissant en suspens plusieurs questions sans réponses. Il y a peu d’études indépendantes sur les questions relatives à la santé humaine et les tests à long terme sur les animaux via leur alimentation sont encore plus rares. Les études existantes indiquent que certaines modifications génétiques pourraient avoir des effets toxiques, provoquer des réactions allergiques ou modifier les propriétés nutritionnelles –tout en soulignant le besoin manifeste de poursuivre les recherches. Et surtout, en l’absence de suivi des aliments GM, nous ignorons si les aliments que nous mangeons depuis vingt ans ont eu des impacts quelconques sur notre santé.
À l’échelle mondiale, il se fait très peu de recherche scientifique indépendante sur les questions relatives à l’innocuité des aliments GM, en partie parce que cela fait l’affaire des gouvernements de se fier aux recherches de l’industrie pour évaluer l’innocuité des nouveaux aliments GM. La recherche scientifique se bute à plusieurs obstacles, dont le manque de financement et l’accès difficile à des semences GM pour les tests. L’importance extrême des enjeux liés à la commercialisation de nouveaux produits GM ajoute à l’hostilité du milieu envers la critique, qu’elle vienne du public ou même de la communauté scientifique.
Les risques potentiels liés à la consommation d’aliments GM n’ont pas été pleinement étudiés et aucune base scientifique ne permet d’établir que les aliments GM sont sans danger.
La dissémination d’OGM dans notre système alimentaire et notre environnement est une expérience qui a encore besoin d’être soumise à des tests et des évaluations.