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Arbres OGM

Les arbres GM posent un risque de contamination plus élevé que les cultures GM, en bonne partie du fait de la longévité des arbres qui s’étend sur des décennies, de la proximité d’un grand nombre d’espèces sauvages apparentées et de la propagation du pollen des arbres sur des centaines de kilomètres.

septembre 2020: Le gouvernement des É.-U. étudie une demande en vue d’autoriser la dissémination de châtaigniers d’Amérique GM dans les forêts des É.-U. Les arbres GM risquent de se propager dans les forêts de l’est du Canada. Les chercheurs disent qu’ils demanderont aussi au gouvernement du Canada l’autorisation de planter ces arbres GM dans des forêts canadiennes.

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septembre 2020:

Fiche d’informationAlerte: On veut disséminer des châtaigniers d’Amérique génétiquement modifiés aux É.-U. et au Canada, september 2020.

Le châtaignier d’Amérique GM

 

Alerte : On veut disséminer des châtaigniers d’Amérique génétiquement modifiés aux É.-U. et au Canada

septembre 2020

Le gouvernement des É.-U. étudie une demande en vue d’autoriser la dissémination de châtaigniers d’Amérique GM dans les forêts des É.-U. Les arbres GM risquent de se propager dans les forêts de l’est du Canada.  Les chercheurs disent qu’ils demanderont aussi au gouvernement du Canada l’autorisation de planter ces arbres GM dans des forêts canadiennes.

Les chercheurs des É.-U. ont demandé au département de l’Agriculture (USDA) d’approuver la dissémination dans la nature de châtaigniers d’Amérique génétiquement modifiés. L’USDA accepte les commentaires du public sur cette proposition jusqu’au 19 octobre 2020.

Fiche d’information – ​Alerte: On veut disséminer des châtaigniers d’Amérique génétiquement modifiés aux É.-U. et au Canada, september 2020.

Le châtaignier d’Amérique GM

Presque disparu aux É.-U., le châtaignier d’Amérique est une espèce menacée au Canada. Il dominait les forêts de l’est des É.-U. et du Canada jusqu’à ce qu’une maladie fongique – couplée à l’abattage – décime les populations dans la première moitié du XXe siècle.

Des chercheurs du Collège des sciences environnementales et de la foresterie de l’Université d’État de New York ont maintenant modifié génétiquement un châtaignier d’Amérique (CA) pour qu’il résiste à la maladie et ils demandent au gouvernement des É.-U. d’approuver sa plantation dans les forêts naturelles de l’est du pays.

Si cette demande est approuvée, le châtaignier d’Amérique GM sera le premier arbre forestier génétiquement modifié disséminé dans la nature dans le but de se répandre librement dans les écosystèmes sauvages.

Une fois disséminé, il sera difficile voire impossible de retracer ces arbres GM ou d’inverser leurs propagations avec les années. On ignore les effets de sa dissémination sur les écosystèmes forestiers et on ne les connaîtra pas avant des décennies et des siècles d’observation dans la nature. La dissémination du châtaignier d’Amérique GM ou de tout arbre GM dans la nature est une expérience à vaste échelle.

 

Plus d’information

Le châtaignier d’Amérique génétiquement modifié (CA GM) a été conçu pour tolérer le chancre Cryphonectria parasitica ayant décimé les populations de châtaigniers d’Amérique.

Les chercheurs proposent de planter le CA GM dans des forêts naturelles pour favoriser la pollinisation croisée d’arbres résistant au chancre avec les châtaigniers d’Amérique sauvages afin de propager la résistance au chancre dans les générations suivantes. Les chercheurs disent que la plantation de cet arbre GM dans la nature va restaurer l’espèce.

Si on dissémine le CA GM, ce sera la première fois qu’on plante un arbre forestier GM dans le but précis qu’il se répande librement en forêt. Une fois lâché dans la nature, il sera impossible ou presque de suivre sa propagation ou de l’inverser.

Des chercheurs veulent disséminer le CA GM en milieu forestier afin que leur pollen et leurs semences GM pollinisent ce qui reste des châtaigniers d’Amérique sauvages.

  • Le pollen et les noix du CA GM pourraient aussi se propager au-delà des frontières et des juridictions.
  • Il est impossible d’évaluer les risques liés à la dissémination d’arbres GM parce que nous ne savons pas comment réagiront les écosystèmes forestiers extrêmement complexes et exposés aux changements climatiques pendant les nombreuses générations d’un arbre à grande longévité. Le châtaignier d’Amérique peut vivre plus de 200 ans.
  • Il sera quasi impossible de repérer et surveiller tous les CA GM et leur descendance dans nos forêts, surtout sur une longue période.
  • La dissémination d’arbres GM serait une expérience incontrôlable et incontrôlée qui peut menacer gravement l’avenir de nos écosystèmes forestiers déjà fragilisés.

On trouve le châtaignier d’Amérique dans l’est de l’Amérique du Nord, de la Floride jusqu’aussi loin au nord que le sud de l’Ontario – on prévoit qu’il gagne les Maritimes en raison des changements climatiques. L’arbre peut toutefois pousser à l’extérieur de son aire. De fait, le plus gros châtaignier d’Amérique au Canada pousse en Nouvelle-Écosse. On a identifié des sites de châtaignier d’Amérique ou des plantations dans l’est de l’Ontario, au Québec, en Nouvelle-Écosse, à l’île du Prince-Édouard et en Colombie-Britannique.

 

Notions de base

Pourquoi modifier génétiquement des arbres?

Les principaux traits insérés génétiquement aux arbres sont la résistance aux herbicides pour vaporiser des herbicides sur les plantations sans tuer les arbres; la résistance aux insectes pour créer des arbres toxiques pour les insectes; la réduction de la teneur en lignine pour transformer les arbres en éthanol à moindre coût; la croissance plus rapide pour accélérer le cycle plantation-récolte; et la résistance au froid pour cultiver les arbres GM sous des climats plus rigoureux. Tous ces traits seraient utilisés dans des plantations industrielles. Avec le nouvel essor du marché des biocarburants, les grandes sociétés mettent au point des arbres comme source éventuelle de biomasse pour la production d’éthanol. Les principales espèces d’arbres soumises à des essais font partie de la famille du pin, de l’épinette, du peuplier et de l’eucalyptus.

Pourquoi les arbres GM posent-ils problème?

Les arbres vivent pendant des décennies et leur pollen se propage sur des centaines de kilomètres. Des modèles de pollen créés en 2004 par des chercheurs de l’Université Duke démontrent que le pollen de forêts du sud-est des É.-U. peut suivre les courants atmosphériques sur plus de 1200 km jusque dans l’est du Canada. La contamination des forêts par le pollen ou les semences d’arbres GM peut avoir des effets dévastateurs sur les écosystèmes et la biodiversité. Une fois amorcée, la contamination ne peut pas être stoppée et elle est irréversible. Les arbres GM vont contaminer les forêts qui se transformeront en contaminants, dans un cycle perpétuel de pollution vivante.

Des études récentes démontrent que les essais en champ et la commercialisation d’arbres (Bt) résistant aux insectes, toxiques pour la classe des lépidoptères, nuisent aux sols et aux écosystèmes aquatiques, en plus d’affecter les insectes non ciblés. Cela se répercute sur la biodiversité et la chaîne alimentaire de la faune indigène, y compris les oiseaux et autres organismes.

La modification génétique des arbres en vue d’accroître leur résistance au froid menace d’étendre l’impact social et environnemental des plantations à des régions plus froides, tout en favorisant la prolifération de nouvelles espèces envahissantes.

La commercialisation d’arbres résistant aux herbicides accroîtra l’utilisation de pesticides dans les plantations, avec les graves effets environnementaux qui en découlent, dont la destruction de la flore indigène et l’impact sur la santé humaine.

On peut s’inquiéter notamment des recherches intensives en vue de mettre au point des arbres à teneur réduite ou modifiée en lignine pour produire des biocarburants à base de cellulose. La lignine est un polymère structurel important (elle contribue à la solidité de l’arbre) pour protéger l’arbre des insectes et maladies. Les arbres à faible teneur en lignine seront plus sensibles aux maladies et aux insectes nuisibles, et plus fragiles lors des tempêtes de vent. La dissémination d’arbres à faible teneur en lignine et de leurs gènes par les semences et le pollen risque d’avoir un effet dévastateur sur les forêts.

Partout dans le monde, on détruit déjà des forêts naturelles en vue de faire place à de vastes plantations industrielles pour les pâtes et papier, le bois d’abattage et les agrocarburants (palmiste). Le défrichage et la monoculture affectent grandement la biodiversité forestière, ce qui accentue le réchauffement de la planète et menace la vie, le gagne-pain et la culture des peuples autochtones et des communautés forestières.

« Les arbres GM risquent de semer le chaos dans les forêts indigènes partout dans le monde. Les arbres GM affecteraient aussi la faune et les communautés rurales et autochtones qui ont besoin de forêts intactes pour leur alimentation, leur logement, leur eau, leurs moyens de subsistance et leurs pratiques culturelles. En tant que généticien, je crois qu’il y a beaucoup trop d’inconnues et de questions sans réponses pour cultiver des plantes génétiquement modifiées – arbres ou cultures vivrières – en milieu ouvert. Les arbres GM de plantations commerciales ne doivent pas être disséminés dans l’environnement, et il faut éliminer toutes les parcelles d’essai et toutes les plantations en plein air. » Dr David Suzuki

Le Service canadien des Forêts a mené des essais en champ au Québec sur des peupliers GM, au Centre de foresterie des Laurentides – des essais qui risquent déjà de contaminer les forêts du Canada. En plus de ces essais, il se mène en ce moment plus d’une centaine d’essais en champ aux États-Unis, ce qui pourrait menacer sérieusement les écosystèmes forestiers canadiens.

Les arbres GM posent un risque de contamination plus élevé que les cultures GM, en bonne partie du fait de la longévité des arbres qui s’étend sur des décennies, de la proximité d’un grand nombre d’espèces sauvages apparentées et de la propagation du pollen des arbres sur des centaines de kilomètres. On peut redouter, par exemple, que des arbres génétiquement modifiés au Bt pour résister aux insectes (comme cela se fait dans les essais en champ réalisés au Québec) contaminent les forêts, ce qui affecterait gravement la biodiversité puisque le Bt cible les lépidoptères, une source d’alimentation majeure de plusieurs oiseaux.

En mars 2006, le gouvernement canadien s’est opposé à l’appel en vue d’un moratoire mondial sur la commercialisation et les essais en champ d’arbres GM à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB). En mai 2008, la CDB se réunira en Allemagne pour discuter d’un moratoire sur les arbres GM. Plusieurs pays dans le monde – les pays africains en tête – préconisent un moratoire.